J’ai écrit ce texte en septembre 2008 au moment où je préparais ma seconde exposition à la galerie Weiller. Il aurait du figurer sur la plaquette de l’exposition. Mais celle-ci n’a jamais eu lieu.

Essai de normalité au service de la folie ou comment écrire une lettre ouverte à Charley Chevalier.

J’ai fait il y a maintenant plus de deux ans une exposition dans votre galerie. Cette exposition s’appelait « un idiot en liberté ».
Deux ans de liberté ont suivi !
Deux longues années à faire l’idiot : à ne rien faire diront certains, les plus nombreux.
Mais il s’en trouvera pourtant peut-être un petit nombre pour dire non. Pour dire qu’en vérité ces deux longues années de liberté, de temps libre consacré à l’exercice de l’idiotie, ont servi à quelque chose.
C’est ce que je veux croire.
C’est pourquoi je vous propose M. Charley de m’exposer une nouvelle fois, de me laisser utiliser les quatre murs de votre galerie pour y exposer mes choses. Des traces d’idiotie. Des fruits récoltés grâce à cette science que j’ai inventée en vue de rationaliser ma folie et à travers elle celle du monde.
Cette science donc que j’ai nommé idiotphysique…
Oui, je crois bien qu’il existe une physique de l’idiotie : une physique devant nous permettre de traiter de la folie du monde.
Oui, je crois bien cette physique capable de permettre à l’individu de sauver poétiquement le monde en rendant possible une parole sur la folie du monde.
Car cette science est bien en quelque sorte l’impossible science de l’existence en tant qu’elle se propose de montrer qu’il peut y avoir une solution au problème de la vie : résister à la folie des homme et peut-être même à celle du monde et ce, en inventant un nouveau mode de vie, n’est-ce pas là montrer que l’homme n’est pas condamné à être une fiction entretenue par lui-même. Que l’homme peut triompher de sa propre folie c’est-à-dire de la folie que le monde a inscrit en lui en devenant lui-même fou.
Car la folie du poète ne s’explique jamais que par celle du livre, de l’objet X et celle, première et dernière, du monde.
L’idiotphysique serait donc la science qui devrait nous permettre de rationaliser un temps soit peu ces quatre types de folie et ce, en tentant d’en donner une image.
Et pour se faire, la pratique de l’idiotphysique nous aide aussi en ceci qu’elle nous permet de comprendre la nécessité de subdiviser chacune de ces folies en trois types de folies distinctes.
Nous parlerons ainsi de la névrose du monde, de sa perversion et enfin de sa psychose.
Il est bien entendu que ces termes sont employés poétiquement et non dans leur sens premier qui est médical.
Mais l’idiotphysique est elle-même une médecine…
C’est bien pour toutes ces raisons que j’aimerais convier ceux qui le voudront bien à une exposition au sein de votre sainte galerie. Pour qu’ils puissent se confronter à ces images. Et que peut-être alors quelque chose change dans leur rapport au poète, à l’objet X, au livre et peut-être même au monde…
Car si tel était le cas, votre idiot serait satisfait car il pourrait en effet alors considérer que les deux années de liberté passé par lui à faire le poète auront été utilisées à bonne escient et que donc du même coup l’organisation de cette exposition pourrait se voir justifiée.
J’attends donc avec impatience, M. Charley, votre réponse.

PS : une dernière chose. J’aimerais profiter de cette exposition pour proposer aux gens que cela intéressera la lecture de mon traité : oui, sachez-le bien, j’aimerais utiliser cette exposition en vue de diffuser ce déjà « populaire » traité que je mettrais donc en vente afin de mieux faire connaître ma pensée d’idiot en liberté. ​​​​​​​
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